Juno, film de Jason Reitman

Publié le par les amis d'Avrillé

Juno, de Jason Reitman, au cinéma en ce moment, dans le cadre de l’action de valorisation des 10 films sélectionnés par le magasine Télérama.

 

Le film raconte la grossesse involontaire de Juno, adolescente de 16 ans dans une ville actuelle des USA.

Le film est tourné avec justesse au niveau des acteurs, de leur vie. La distance permet l’empathie : elle permet au spectateur de comprendre les émotions comme de l’intérieur, comme si on était à la place des personnages.

Je craignais les mièvreries, la mise en exergue du pathos général. Pas la peine de revenir sur la débrouillardise, la maturité de Juno. Le scénario est un beau conte contemporain. Un beau conte : Juno tient bien dans sa tête et sur ses jambes, son père et sa belle-mère l’accompagnent dans toutes ses décisions et quelques revirements, sa copine est là, tout au long de l’histoire. On pouvait craindre une idylle mal placée, des larmes mal venues. Pas grand-chose de tout cela.

 

Deux petites gênes néanmoins. Juno est une adolescente de 16 ans, elle fait preuve d’une très grande maturité. Si grande que ses émotions accompagnent ses décisions, comme si ses émotions étaient en cohérence complète, étaient congruentes, avec ses décisions. Je m’explique : elle décide de ne pas élever son enfant, elle le donne à un couple qu’elle a choisi avec sa meilleure amie. Elle se sépare de l’enfant juste à l’accouchement, l’enfant est immédiatement confié à celle qui en sera la mère… et un rien d’émotion effleure Juno à ce moment, un rien rapidement oublié dans la poursuite de son devenir adulte. Il en est de même pour ses proches. Nous sommes dans un conte. Est-ce que dans la vraie vie, c’est ainsi ?

La seconde gêne provient du développement d’un argumentaire anti-avortement présenté avec le même rythme que le présent scandé et dynamique de Juno. Cet argumentaire passe comme une lettre dans la boîte dans ce contexte. Cela passe jusqu’au bout au vu de l’évidence des sentiments présentés, y compris lors de la séparation définitive de Juno avec l’enfant : tout est simple, il n’y a qu’à. Si nous sommes dans un conte, on a quand même l’impression de nous voir fourguer tous les arguments des anti IVG.

 

Dans ce conte, il ne faut finalement peut-être pas trop s’en laisser conter.


Publié dans Le coin culture

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